Entrevue exclusive : Tarek Yazidi, la franchise québécoise à la conquête de l'Afrique

Entrevue exclusive : Tarek Yazidi, la franchise québécoise à la conquête de l'Afrique

Pourquoi certains franchiseurs québécois osent-ils miser sur l’Afrique plutôt que sur les États-Unis ? Dans cet échange exclusif, Tarek Yazidi dévoile un marché jeune, en pleine expansion, et rempli d'opportunités pour les enseignes visionnaires.


Propos recueillis par Jean Samper (AfriqueFranchise.com)

Le Québec est un terreau fertile pour la franchise, mais la plupart des enseignes cherchent l'expansion vers le reste du Canada ou les États-Unis. Pourtant, certains visionnaires comme Tarek Yazidi, à la tête du groupe Franchise Performance, s'intéressent aux marchés africains. Une stratégie audacieuse qui soulève des questions, et que nous avons décryptée avec lui.

Jean Samper (AfriqueFranchise) : Bonjour M. Yazidi. Le marché canadien et en particulier québécois est dense et compétitif. Qu'est-ce qui pousse un franchiseur canadien à regarder au-delà de ses frontières naturelles, vers l'Afrique ?

Tarek Yazidi : Bonjour. C'est une excellente question. Il est vrai que notre penchant naturel nous amène à regarder vers le sud, vers les États-Unis, qui est un marché familier et économiquement très proche. Cependant, il est essentiel de ne pas se limiter. L'Afrique représente un potentiel de croissance sans précédent, un potentiel qui n'existe tout simplement plus, ou du moins pas de la même manière, dans les marchés saturés d'Amérique du Nord.

Le principal moteur, c'est la démographie et l'urbanisation. L'Afrique est un continent jeune, avec des villes qui se développent à une vitesse fulgurante. Cette jeunesse urbaine, connectée et informée, a des attentes qui se rapprochent de plus en plus de celles des consommateurs occidentaux. Elle cherche des marques fiables, des concepts modernes de services, de restauration, de commerce. C'est un marché de consommation en pleine émergence, une opportunité que les franchiseurs canadiens ne peuvent plus se permettre d'ignorer.

AfriqueFranchise : Les différences culturelles, économiques et juridiques entre le Québec et les pays africains sont pourtant évidentes. Comment franchir ce fossé ?

Tarek Yazidi : C'est là que réside le défi, et aussi l'intérêt. La franchise n'est pas un modèle « prêt-à-porter » que l'on peut exporter tel quel. Elle doit être adaptée, et le savoir-faire québécois, en particulier, a un rôle à jouer. Notre culture du service, notre sens de l'innovation, et surtout, notre capacité à nous adapter à un contexte bilingue et biculturel sont des atouts précieux.

Il faut être humble et ne pas arriver en terrain conquis. L'approche est différente. On ne cherche pas à imposer un modèle, mais à s'associer avec des partenaires locaux, des master-franchisés qui connaissent leur marché de l'intérieur. Ils comprennent les spécificités des habitudes de consommation, des modes de vie, et des cadres légaux. C'est une démarche de co-construction.

De plus, il y a la question de la diaspora. Il existe une importante communauté africaine au Québec. Ces entrepreneurs, souvent très bien formés et désireux d'investir, représentent des ponts naturels vers leurs pays d'origine. Ils sont des partenaires potentiels idéaux, car ils combinent la connaissance du modèle d'affaires québécois et la compréhension du marché africain.

AfriqueFranchise : On entend souvent parler de défis logistiques et de financement sur le continent africain. Comment les franchiseurs québécois peuvent-ils aborder ces problématiques ?

Tarek Yazidi : Il est vrai que ce sont des freins importants. En ce qui concerne la logistique, cela implique pour le franchiseur de travailler en étroite collaboration avec son partenaire local pour établir des chaînes d'approvisionnement robustes, en privilégiant, quand c'est possible, les fournisseurs locaux. Cela permet de réduire les coûts et les délais, mais aussi de s'intégrer davantage à l'économie locale.

Pour le financement, c'est souvent le nerf de la guerre. Les banques locales peuvent être frileuses. C'est pourquoi le modèle de la master-franchise ou de la multi-franchise est souvent privilégié, car il s'adresse à des investisseurs plus aguerris, qui disposent des fonds nécessaires. C'est un engagement à plus long terme pour le franchiseur, mais qui permet de mieux structurer le développement. On peut aussi explorer des solutions de financement par le capital-investissement ou peut-êdes partenariats public-privé.

AfriqueFranchise : En conclusion, diriez-vous que le marché africain est une option pour tous les franchiseurs québécois, ou seulement pour une poignée d'entre eux ?

Tarek Yazidi : C'est une option pour ceux qui sont prêts à investir du temps, de l'énergie et des ressources dans une démarche stratégique à long terme. Ce n'est pas un sprint, c'est un marathon. Les franchiseurs québécois, avec leur esprit d'innovation et de partenariat, ont des atouts considérables à faire valoir.

Les secteurs porteurs sont les services (éducation, beauté, santé), la restauration rapide ou à table, et la grande distribution. L'Afrique est un marché d'avenir qui exige de la patience et une approche sur mesure, mais les bénéfices à long terme, en termes de croissance et de rayonnement international, en valent largement la peine. C'est une nouvelle frontière qui s'ouvre pour la franchise québécoise.

AfriqueFranchise : M. Yazidi, merci pour cet échange passionnant.

Tarek Yazidi : C'était un plaisir. Merci à vous.


La rédaction d'AfriqueFranchise.com